L’objectif du recensement des frayères de truite de mer est de géo-localiser et comptabiliser de façon exhaustive l’ensemble des nids.
Ce recensement permet d’évaluer un stock de géniteurs colonisant un cours d’eau, de mettre en évidence un front de colonisation et d’éventuels dysfonctionnements liés à la qualité des habitats ou à l’influence de barrages.
Le recensement des frayères de truites de mer est utilisé comme outil d’évaluation des actions portées pour le rétablissement de la continuité écologique.
Ces études s’inscrivent également dans le cadre des politiques de gestion menées à l’échelle du bassin Seine-Normandie.
Les frayères sont visibles après la période de reproduction (fin décembre – janvier pour les truites de mer) sur des zones typiques : faciès de type radier – plat courant. Ces zones sont remaniées par les géniteurs pour enfouir les œufs, le substrat apparaît plus clair rendant la frayère facilement repérable à l’œil nu. Ce suivi consiste à parcourir l’ensemble de la rivière depuis l’aval, en décrivant et en localisant grâce à un GPS toutes les zones de frayère. Les données saisies alimentent ensuite une base de données. Les données recueillies sont : le nombre de frayères par tronçon, le type de substrat utilisé et les dimensions de la frayère.
Le bassin de la Calonne, affluent de la Touques, a été désigné par l’Agence de l’Eau Seine Normandie comme site atelier « Hydromorphologie ». Des actions concernant la restauration de la continuité écologique étant programmée, il a été décidé en 2011 de dresser un état initial afin d’en mesurer l’efficacité. Parmi les critères retenus, figure le nombre de frayères de truites de mer.
Ainsi, au début du mois de janvier 2011, les Fédérations du Calvados et de l’Eure pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique ont parcouru plus de 35 km de cours d’eau répartis entre la Calonne et ses affluents. Au total, 307 nids ont été recensés ce qui équivaut à 460 géniteurs pour l’ensemble du bassin. La limite de colonisation se situe à 25 km en amont de la confluence malgré la présence d’ouvrages transversaux dont certains ne sont pas équipés de dispositifs de franchissement. Ceci peut paraître positif mais une analyse plus détaillée de la répartition des nids en lien avec les surfaces potentielles de production ont mis en évidence un phénomène de saturation du milieu au niveau des secteurs aval et de sous-utilisation au niveau des secteurs amont. L’aménagement de tous les ouvrages améliorerait la libre circulation piscicole et permettrait d’optimiser la reproduction en exploitant efficacement tout le potentiel de la Calonne.
Sur l’Orne, les populations de poissons migrateurs sont suivies par la Fédération du Calvados pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique depuis 1994 au niveau de la station de vidéo comptage de May-sur-Orne. En 2010, la station a été modernisée avec la mise en place d’une passe à bassins successifs et d’un dispositif de vidéo-comptage. L’Odon est le premier affluent du fleuve Orne depuis la mer. Il présente par conséquent un fort potentiel pour les remontées et la reproduction des salmonidés migrateurs. Néanmoins, sa confluence étant située en aval de May-sur-Orne, les géniteurs colonisant l’affluent ne peuvent être comptabilisés au niveau de la station. De plus, dans le cadre de ses missions d’intérêt général, la Fédération pour la Pêche du Calvados porte plusieurs projets pilotes de restauration de la continuité écologique sur l’Odon. La Fédération a donc souhaité faire un suivi des frayères de truites de mer sur l’Odon en 2013 afin de :Mieux connaître la contribution de l’Odon au développement du stock de truites de mer sur le bassin de l’Orne, d’améliorer les connaissances sur la reproduction de la Truite de mer sur l’Odon (front de colonisation, répartition des frayères et impact des barrages, …), d’établir un état initial pour le suivi des actions menées en faveur de la restauration de la continuité écologique sur l’Odon. Au total, 45 km de cours d’eau ont alors été parcourus dont 39 km uniquement sur le cours principal de l’Odon. Au niveau des affluents, seuls ceux présentant des caractéristiques favorables à la reproduction de la truite de mer ont été prospectés.Le recensement des frayères de Truite de mer sur le bassin versant de l’Odon constitue un état zéro sur le territoire avant la réalisation de travaux en faveur de la continuité écologique et la mise en œuvre d’un possible programme plus ambitieux de restauration et d’entretien. Il a mis en évidence la présence de 111 frayères pour un stock estimé de 155 géniteurs. La partie médiane de l’Odon entre Gavrus et Epinay-sur-Odon est la plus utilisée avec l’Ajon (son principal affluent), qui participe également de manière significative au recrutement. Le front de colonisation se situe relativement haut sur le bassin avec un nid observé jusqu’à 38 km en amont de la confluence avec l’Orne. Il s’explique en grande partie par les débits observés au mois de novembre 2012 qui ont permis aux truites de mer de passer certains ouvrages non équipés de dispositifs de franchissement. Ces résultats apparaissent cependant « moyens » vis-à-vis du fort potentiel offert par les nombreuses zones courantes à granulométrie grossière présentes sur le bassin. En effet, la comparaison de la dépose d’œuf optimale et estimée sur l’ensemble des surfaces de production montre que ces dernières ne sont exploitées que de moitié. L’effort de reproduction et sa répartition sur le bassin pourraient donc être optimisés si la circulation piscicole était parfaitement assurée et le stock de géniteurs plus important.
le Syndicat Mixte du Bassin de la Dives (SMBD) et d’autres maîtres d’ouvrages privés, ont porté en 2014 en 2015 plusieurs opérations d’envergure pour restaurer la continuité écologique sur la Dives et son principal affluent, la Vie. C’est dans ce contexte que la FCPPMA a souhaité réaliser un recensement des frayères de salmonidés migrateurs et en particulier de truites de mer.
La phase de terrain s’est déroulée début janvier 2015. Durant cette période, 75 km de cours d’eau ont alors été parcourus sur les linéaires suivants :
Ancre depuis la confluence jusqu’au barrage infranchissable de la pisciculture d’Angerville
Dorette jusqu’à Auvillars ainsi qu’une partie du ruisseau de Montreuil et du Grandouet
Vie jusqu’au barrage de dérivation du moulin de la Pipardière ainsi que l’Algot jusqu’à la Houblonnière
La Dives a été prospectée uniquement en aval immédiat du barrage infranchissable de Magny-le-Freule au niveau du bras naturel et du bief, les secteurs plus en aval ne présentant pas de zones intéressantes pour la reproduction des salmonidés migrateurs. Concernant la Vie, les investigations ont été perturbées par les précipitations hivernales importantes et les débits élevés des cours d’eau.
Les résultats sont donc à prendre avec précaution en raison de la visibilité limitée des fonds. Pour les autres affluents, les conditions sont restées favorables.
Lors des prospections, 428 nids de Truite de mer ont été recensés sur la Dives et ses affluents. La Dorette et l’Algot sont les deux sous-bassins les plus colonisés avec respectivement 169 et 157 nids observés. L’Ancre n’est pas en reste avec 96 nids alors que plus de la moitié de son linéaire n’est pas accessible par les salmonidés migrateurs compte tenu de la présence du barrage infranchissable de la pisciculture d’Angerville. La Dives et la Vie présentent un nombre de nids très faible. Pour la Dives, il est à mettre en relation avec le linéaire favorable et accessible limité à quelques centaines de mètres. Pour la Vie, les causes sont plus difficiles à déterminer. Le potentiel offert par les nombreux radiers recouverts de galets est réel. Ce n’est pas pour autant qu’ils semblent être utilisés par la Truite de mer pour y déposer ses œufs. Par ailleurs, les conditions délicates d’observation ont pu conduire à omettre certains nids.
Le recensement des frayères de Truite de mer sur le bassin versant de la Seulles constitue un état initial sur le territoire avant la réalisation d’éventuels travaux en faveur de la continuité écologique et la finalisation de plusieurs programmes de restauration et d’entretien. Il a mis en évidence la présence de 90 frayères pour un stock estimé de 126 géniteurs.
Les affluents Thue et Mue, accessibles car situés en aval du bassin versant, contribuent significativement au recrutement. Toutefois, les conditions de migration et de reproduction ne sont pas optimales sur ces affluents en raison de leur forte artificialisation et de la présence d’obstacles à la continuité écologique. Bien qu’ils aient déjà bénéficié de plans de restauration et d’entretien, les efforts doivent être poursuivis afin de rendre l’ensemble des ouvrages transparents et améliorer les habitats de reproduction en réalisant par exemple de la recharge granulométrique. Sur la Seulles, la situation est plus délicate. Le front de colonisation se situe très bas sur le bassin avec des nids observés sur la Seulles jusqu’à 17 km de l’estuaire et un potentiel de colonisation limité à 25 km de l’estuaire, au pied du barrage infranchissable d’Esquay-sur-Seulles.
L’effort de reproduction et sa répartition sur le bassin pourraient donc être optimisés si la circulation piscicole était parfaitement assurée et le stock de géniteurs plus important, d’autant plus qu’un réel potentiel est présent en amont du bassin. En 2016, une étude sera portée par le Syndicat Mixte de la Seulles et ses Affluents en partenariat avec l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. Elle permettra d’actualiser la connaissance des ouvrages de la Seulles, définir des scénariis allant de l’aménagement à la suppression, selon le positionnement des propriétaires. Dans ce contexte, il sera intéressant de réitérer cette opération après la réalisation de travaux de restauration de la continuité écologique. La population de Truite de mer présente sur le bassin de la Seulles est certes, moins importante que sur le bassin de la Touques. Néanmoins, les travaux de décloisonnement devraient lui permettre de se développer. Un suivi des frayères post-travaux permettrait de mesurer l’évolution de l’utilisation du milieu par les salmonidés migrateurs et ainsi, évaluer l’efficacité des actions réalisées.
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