Un suivi par pêches électrique du recrutement en anguilles est réalisé, chaque année, par la Fédération pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique du Calvados sur plus d’une soixantaine de stations réparties sur les départements de la Manche, du Calvados et de l’Orne. Ce suivi annuel s’inscrit dans le programme de monitoring du plan de gestion anguille français.
Le principe est d’attirer les anguilles grâce à un courant électrique et de les capturer vivantes afin de déterminer leur taille et le nombre d’individus. Les poissons sont ensuite remis vivants à l’endroit de leur échantillonnage. Ces pêches de sondage sont réalisées sur des radiers selon un protocole standardisé (Échantillonnage Ponctuel d’Abondance – E.P.A.) qui permet d’obtenir un indice d’abondance pour 30 points échantillonnés par station.
Une analyse de la structure en âge d’une population d’anguilles observée est possible dans la mesure où la taille des individus renseigne sur leur âge approximatif, lequel permet alors de déduire la part de recrutement fluvial au sein de cette population. En effet, ce sont les individus les plus jeunes qui sont les plus à même de coloniser un bassin versant et qui révèlent donc le niveau de recrutement, qualifié de bon lorsque la population est dominée par les individus de tailles inférieures à 30 cm (âgés de 3 à 4 ans) voir même inférieures à 15 cm sur les secteurs les plus en aval d’un bassin versant.
Selon le rapport de suivi réalisé par la Fédération du Calvados pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, le recrutement est très bon en 2018, proche voire même supérieur à celui de l’année passée au niveau de certains territoires. Le bassin le plus fréquenté reste la Sienne. Par contre, contrairement à l’année 2017, bon nombre de bassins disposant d’un ouvrage à la mer présentent des abondances en anguillettes plus élevées que des bassins qui en sont dépourvus. Il semblerait donc que les conditions hydrologiques et la gestion des ouvrages aient été favorables à la remontée des jeunes individus.
Concernant la nature géologique des terrains, les cours d’eau s’écoulant dans le massif ancien sont davantage colonisés. Néanmoins, le cas du bassin de la Sée inquiète. Depuis trois ans, les effectifs en anguillettes décroissent, alors qu’au contraire ils augmentent au niveau de la Sélune située toute proche. Une des explications pourrait venir de la qualité des habitats de la station. Les opérateurs ont ainsi noté un colmatage de plus en plus important du substrat par les matières fines. Or, les jeunes anguilles apprécient de se dissimuler sous les pierres pour se protéger de la prédation. Ce constat est à mettre en relation avec les modifications des pratiques agricoles, au niveau du bassin versant. Ainsi, de nombreuses prairies permanentes ont disparu au profit de cultures.
Enfin, la Divette est le cours d’eau de la Manche qui présente l’abondance la plus faible, alors que la capacité d’accueil est intéressante. Elle souffre d’un déficit d’attrait, en raison de confluence dans le port de Cherbourg.
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